jeudi 28 janvier 2010


Sylvain Tesson

Petit traité sur l'immensité du monde

(Pocket, 2008, 192 pages)



Il ne s'agit pas du récit d'un voyage en particulier mais d'un hommage aux vagabonds de tout temps et de tout lieu. "Pour saluer leurs ombres qui passent, furtives, sur le tapis du monde", dira l'auteur.
On sait que le temps est une donnée relative et Sylvain Tesson évoque le rapport qu'a le voyageur avec celui-ci. N'a-t-on jamais remarqué comme le temps s'étire lorsqu'on se balade en forêt et comme il fuit lorsqu'on court en ville ? Il parle aussi du corps et de l'âme du voyageur, des nouveaux terrains à explorer, de la particularité de voyager à cheval qui entraîne une "nouvelle lecture du monde", de sa passion pour la géographie et, plus précisément, la géomorphologie qui permet de revenir à une orientation naturelle. Il explique également son désenchantement vis-à-vis de ses semblables et sa méfiance envers "l'humanisme béat". Puis, il nous livre de beaux passages sur l'escalade de cathédrales (entre autres) et ses nuits passées dans les branches d'un arbre. Enfin, il nous confie ce qu'il souhaite quand la fin sera proche ; ce qu'on comprend aisément après avoir partagé ses pensées.

C'est un livre court mais très riche. Mes yeux ne sont pas restés bien longtemps collés au texte car celui-ci fait réfléchir à de nombreuses reprises et, parfois même, entraîne l'esprit vers le large.
Le chapitre 8, intitulé "Aux bords de l'humanisme", m'a particulièrement touchée et interpelée. Sylvain Tesson y évoque "l'universelle oppression de la moitié de l'humanité par l'autre", et il faut comprendre l'oppression des femmes par les hommes. Et à ce sujet, son témoignage est effarant.
J'ai aussi beaucoup aimé l'idée du voyage au cours duquel on se "présente à la nature à armes égales", c'est-à-dire à pied, à cheval, à vélo. J'imagine que ce doit être très différent de voyager de cette façon, bien plus intense.
Concernant l'écriture, elle est concise et directe. L'auteur va droit au but. Cependant, j'ai parfois regretté qu'il ne s'attarde pas plus sur certaines idées.
Beaucoup de poésie aussi dans ce petit traité surtout lorsqu'il évoque la féerie. Comme une échappée loin de la laideur du réel.

(Avril 2008)

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