jeudi 19 août 2010


« Le koala ne broncha pas. Je m’approchai donc de lui en glissant sur la branche. Qui céda. Branche, koala et moi-même tombâmes abruptement dans un épais tapis de fougère. »

La suite de cette aventure ? Pas aussi bénigne qu’on l’aurait imaginer de la part d’un animal qui fait figure de nounours mâchouillant pacifiquement des feuilles d’eucalyptus. On découvre l’une de ses techniques de défense les plus efficaces : la défense anti-dingo. Ce que le narrateur découvre également au moment des faits, bien malgré lui.

Les histoires du bush de Kenneth Cook révèlent une Australie méconnue, un territoire encore indompté, où mineurs d’opales farfelus et faune sauvage impitoyable évoluent de façon invraisemblable autour du narrateur. Chaque nouvelle nous entraîne dans une espèce de bouffée délirante et hilarante avant de se terminer sur une chute avisée. Dans ces aventures, Kenneth Cook se met en scène sous les traits d’un gros bonhomme d’âge moyen peu sportif au caractère naïf et craintif, mais dont la curiosité (écrivain oblige) et la générosité finissent toujours par surpasser la lâcheté. Un mélange détonant entre l’homme et les lieux conduisant irrémédiablement à ces situations rocambolesques.

On apprécie d’autant plus ces nouvelles, ponctuées d’humour caustique et d’autodérision, pour le style direct et dépouillé qui les rend si percutantes. De belles qualités pour une lecture à voix haute où les descriptions sont accueillies avec beaucoup de plaisir.

« J’y rencontrai Bert. D’une maigreur inimaginable, extrêmement velu, il approchait les deux mètres de haut. Ses pieds, ses bras, sa poitrine et son dos étaient nus et recouverts de fourrure rose. La couleur était due à l’encrassement poussiéreux, typique des mineurs d’opale. Avec ses dents jaunes qui avançaient, il était le portrait craché d’un grand furet à poil rose, dressé sur ses pattes arrière. »

Kenneth Cook, Le koala tueur et autres histoires du bush, Autrement Littératures, 2009, 155 pages
Traduit de l'anglais (Australie) et postfacé par Mireille Vignol