vendredi 5 février 2010


Stieg Larsson (Suède, 1954 - 2004)

Millénium 2 - La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette

(Actes Sud, 2006, 656 pages)


J'avais déjà beaucoup aimé le premier tome de cette série, mais je trouve l'intrigue de ce second volet encore meilleure. Parfois, il m'a semblé que les choses étaient un peu tirées par les cheveux mais en même temps, j'ai eu l'impression que cela était fait exprès, que l'auteur s'est amusé à frôler la limite qui, une fois franchie, plonge l'intrigue dans le burlesque. J'ai trouvé son écriture pleine d'humour et plus ironique encore. Il arrive à nous concocter des méchants très très méchants, sur fond d'un sujet terrible (le trafic de femmes), avec des situations ignobles et en même temps, à nous faire rire avec cette héroïne parfaitement étonnante, qui ridiculise tout ces abrutis vulgaires, pervers et d'une brutalité sans nom, en les remettant à leur place d'enfoirés ordinaires qui n'aiment pas les femmes, comme dirait Lisbeth.

Ce qui me plaît jusqu'à présent chez Stieg Larsson est qu'il ait réussi à faire passer une sorte de revendication à travers un polar. Dans les différents polars que j'ai lu jusqu'à présent, l'auteur n'a pas su faire passer de message avec autant de talent. Larsson, lui, nous donne la possibilité de sortir révolté de ses histoires et de prendre conscience que ce qu'il traite comme sujet en trame de fond est lâchement blanchi par notre société. Et je pense que son argument le plus fort est Lisbeth Salander. A travers elle, il nous montre que notre système, notamment à travers ses préjugés, est capable de sombrer dans ce qu'il y a de plus perfide.

Son Mickael Blomkvist est toujours aussi charmant, et avec d'autres messieurs, vient rééquilibrer la balance. Sinon, on en arrivait à la conclusion que tous les hommes sont des salauds, ce qui n'est pas le cas assurément. Ce serait une triste vision manichéenne du genre humain.

Je peux déjà dire, arrivée au second tome de cette série, qu'elle est une belle leçon d'ouverture d'esprit. Ensuite, je recommanderais cette lecture à ceux qui ne se sentent pas révoltés face à la question de la prostitution. Je pense que leur passivité d'esprit face à ce sujet vient souvent du fait qu'ils ne s'imaginent pas quelle souffrance il y a derrière et comme les droits humains y sont largement bafoués.

(Janvier 2009)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire