vendredi 8 août 2014

Un fugitif condamné à la prison à perpétuité décide de se cacher sur une île désertée, malgré l'étrange menace qui plane sur ces lieux : « Elle est le foyer d'une maladie, encore mystérieuse, qui tue de la surface vers le dedans. » Trois constructions se situent dans la partie haute de l'île : un musée, une chapelle et une piscine. Au cours d'une énième nuit passée dans le musée, le narrateur entend de la musique et des cris. Face à l'apparition magique d'un groupe d'intrus, il est forcé de trouver refuge dans les basses terres, endroit insalubre, où il survit difficilement.

Le récit se présente sous la forme d'un journal intime. Le fugitif y relate ses observations, interprétations, obsessions concernant les événements invraisemblables dont il est le témoin terrifié et le solitaire amoureux : « J'écris ces lignes pour laisser un témoignage de l'hostile miracle. » Selon Jorge Luis Borges, l'exploit d'Adolfo Bioy Casares réside dans la trame de ce roman : « Il déploie une Odyssée de prodiges qui ne paraissent admettre d'autre clef que l'hallucination ou le symbole, puis il les explique pleinement grâce à un seul postulat fantastique, mais qui n'est pas surnaturel. » L'intérêt de cette lecture tient également aux thèmes abordés : l'immortalité, le sens de la vie, le progrès technique, pour les plus évidents. Un roman court mais dense qui nécessite assurément plusieurs lectures avant de dévoiler toutes ses subtilités.
«  [...] je crois que nous perdons l'immortalité parce que la résistance à la mort n'a pas évolué ; nous insistons sur l'idée première, rudimentaire, qui est de retenir vivant le corps tout entier. Il suffirait de chercher à conserver seulement ce qui intéresse la conscience. » (p.18)

Adolfo Bioy Casares, L'invention de Morel, 10/18, 1992, 124 pages
Traduit de l'argentin par Armand Pierhal
Préface de Jorge Luis Borges

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