jeudi 16 décembre 2010


Nassim, un adolescent iranien de 14 ans, perd ses parents au cours des émeutes qui ont précipité la chute du Shah. Les soldats tirent sur la foule désarmée, c’est un massacre. Le garçon se réfugie chez Nadira, une amie qui vit avec son père. Puis, le régime des mollahs s’instaure, aussi inquiétant que le précédent. Et bientôt, un grondement se fait entendre, il gravit les rues du quartier, ce sont des voix d’hommes qui clament, des cortèges menés par les mollahs : c’est la guerre, les chars irakiens ont franchi la frontière à Hostandjar, et le peuple iranien réclame des armes pour chasser Saddam. Mais avec quels moyens ? Les capitaux occidentaux n’affluent plus comme au temps du Shah. Et, après la Révolution, comme pour les professeurs, le corps des officiers fût épuré par les mollahs. Une espèce de guerre de 1914 qui s’éternise, une boucherie à laquelle l’Iran livrera ses enfants.

Cet enfant dans la guerre, c’est Nassim et ce regard lucide qu’il pose sur ces événements pour en extraire toute l’absurdité et l’horreur. L’essentiel de cette histoire tient certainement en cette démonstration de la manipulation qui est opérée auprès des enfants pour les attirer dans ce bourbier sanglant. Le manque de réaction des adultes qui les entourent, parents ou instituteurs, ne manque pas de surprendre. Un phénomène difficilement compréhensible aujourd’hui dans notre culture. Nassim est donc un personnage de fiction qui permet de s’interroger sur cet événement historique troublant, ces enfants martyrs.

Le professeur de français nous avait demandé de lire ce livre lorsque j’étais au collège, et je me souviens que j’avais eu beaucoup de difficultés à l’époque avec la violence de certains passages. Aujourd’hui, ce récit est mieux passé car j’ai le mental pour y faire face mais je le trouve toujours dur. Je pense que cette lecture jeunesse mérite d’être accompagnée par une présence adulte qui permette si besoin une réflexion sur certains passages, voire une prise de distance en cas de malaise face au propos.

Thierry Jonquet, Un enfant dans la guerre, Folio junior, 1995, 123 pages
 

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