mardi 27 avril 2010


Parce qu’il ne pouvait leur offrir à tous « des chocolats ou des tulipes », et pour ne pas faire de jaloux, l’auteur a écrit pour chacun des animaux un joli sonnet. Vous rétorquerez qu’il y a bien trop d’animaux pour pouvoir consacrer un joli poème à chacun ! Non, répond l’auteur, il en a produit 123 456, mais c’est la faute à l’éditeur si le doute est permis car celui-ci a refusé de tous les publier !

Des poèmes drôles et malicieux qui ont le pouvoir de réjouir petits et grands. De donner le goût de la poésie, certainement. La « lettre de l’auteur au hérisson » est une fantastique introduction à ce genre littéraire, et plus précisément ici au sonnet avec lequel l’auteur prend beaucoup de liberté. Cependant, un certain mécontentement s’est fait entendre à plusieurs niches à la ronde. En effet, à la fin du livre, est adressée à l’auteur une lettre de quatorze chiens en colère qui ne se sont pas vus représentés dans ce recueil, et là ça chauffe pour le « pöete » (terme qui, précise l’auteur, compte une syllabe et non deux) dont l’espièglerie est révélée au grand jour !


Mais voici encore un petit avant-goût de ce recueil surprenant :

« Poème du chat

Quand on est chat on n’est pas vache
On ne regarde pas passer les trains
En mâchant les pâquerettes avec entrain
On reste derrière ses moustaches
(Quand on est chat, on est chat)

Quand on est chat on n’est pas chien
On ne lèche pas les vilains moches
Parce qu’ils ont du sucre plein les poches
On ne brûle pas d’amour pour son prochain
(Quand on est chat, on n’est pas chien)

On passe l’hiver sur le radiateur
A se chauffer doucement la fourrure

Au printemps on monte sur les toits
Pour faire taire les sales oiseaux

On est celui qui s’en va tout seul
Et pour qui tous les chemins se valent
(Quand on est chat, on est chat) »

« L’âne entre les deux seaux d’avoine

Alors j’y vas ou j’y viens
Si j’y viens alors j’y vas pas
Et si j’y vas alors j’y viens pas
Mais si j’y viens alors j’y viens

Et si j’y vas alors j’y vas
Peut-être que si j’y vas et viens
Ou viens et vas peut-être bien
(peut-être) qu’alors ça ira

Autrefois d’abord j’y allais
D’abord, et ensuite, j’y venais
Mais maintenant je n’ose plus

J’ai peur qu’un des seaux disparaisse
Et ça me jette dans la détresse
Alors je vas plus et je viens plus. »

Jacques Roubaud, Les Animaux de tout le monde, Seghers Jeunesse, 2004, 95 pages

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